Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 11:46

Le président, qui couchait cette nuit-là avec sa fille Adélaïde, s'en étant amusé jusqu'à l'instant de son premier sommeil, l'avait relégué sur un matelas, par terre, près de son lit, pour donner sa place à Fanchon qu'il voulait toujours avoir près de lui quand la lubricité le réveillait, ce qui lui arrivait presque toutes les nuits. (...) Cette nuit-là, le président, qui se rappela tout de suite quelques infamies faites à sa fille ne s'endormant, la redemanda tout de suite pour les recommencer, mais elle n'y était pas. Qu'on en juge du trouble et de la rumeur qu'excite aussitôt un tel événement. Curval se lève en fureur, demande sa fille ; on allume des bougies, on cherche, on fouille, rien ne paraît. Le premier mouvement fut de passer dans l'appartement des filles ; on visite tous les lits, et l'intéressante Adélaïde se trouve enfin assise en déshabillé, auprès de celui de Sophie. Ces deux charmantes filles, qu'unissaient un caractère de tendresse égal, une piété, des sentiments de vertu, de candeur et d'aménité absolument les mêmes, s'étaient prises de la plus belle tendresse l'une pour l'autre et elles se consolaient mutuellement du sort affreux qui les accablait. On ne s'en était pas douté jusqu'à lors, mais les suites firent découvrir que ce n'était pas la première fois que cela arrivait, et l'on sut que la plus âgée entretenait l'autre dans les meilleurs sentiments et l'engageait surtout à ne pas s'éloigner de la religion et de ses devoirs envers un Dieu qui les consolerait un jour de tous leurs maux. Je laisse au lecteur à juger de la fureur et des emportements de Curval lorsqu'il découvrit là la belle missionnaire (...). L'événement de la nuit fit la conversation du dîner ; on railla le président de laisser ainsi sauter les oiseaux de sa cage ; le vin de Champagne lui rendit sa gaieté, et on passa au café. Narcisse et Céladon, Zelmire et Sophie, le servirent. Cette dernière était bien honteuse ; on lui demanda combien de fois cela était arrivé, elle répondit que ce n'était que la seconde et que Mme de Durcet lui donnait de si bons conseils qu'il était en vérité bien injuste de les punir toutes les deux pour cela. Le président l'assura que ce qu'elle appelait de bons conseils en étaient de très mauvais dans sa situation et que la dévotion qu'elle lui mettait dans la tête ne servirait qu'à la faire punir tous les jours ; qu'elle ne devait avoir, où elle se trouvait, d'autres maîtres et d'autres dieux que ses trois confrères et lui, et d'autre religion que de les servir et de leur obéir aveuglément dans tout.
Ma première idée, dès que ma bonne patronne fut enterrée, fut de prendre moi-même sa maison et de la maintenir sur le même pied qu'elle. Je fis part de ce projet à mes compagnes, qui toutes, et Eugénie surtout, qui était toujours ma bien-aimée, me promirent de me regarder comme leur maman.

Je venais de faire une perte dans ma maison qui m'était sensible de toutes les manières : Eugénie, que j'aimais passionnément, et qui m'était singulièrement utile à cause de ses extraordinaires complaisances pour tout ce qui pouvait me rapporter de l'argent.

Ce fut Lucile, dit la Duclos, qui la remplaça et dans mon coeur et dans mon lit, mais non pas dans les emplois de la maison ; car il s'en fallait bien qu'elle eût et sa soumission et sa complaisance.

Mon infernal esprit me suggéra ici une petite horreur dont l'effet embrassa si promptement mon physique, que faisant aussitôt sortir notre marchandeuse, et ne pouvant calmer l'embrasement de mes sens, je commençai par prier Lucile de me branler.(...) Lucile accepte, je la branle pour l'exciter encore mieux au crime, et nous ne nous occupons plus que des arrangements.

Le comte, voyant qu'il pouvait avoir confiance en moi, m'instruisit de la seconde scène qu'il préparait à cette vieille et à sa petite fille ; il me dit qu'il fallait que je la lui fisse enlever sur-le-champ, et que, de plus, comme il voulait réunir toute la famille, je lui cédasse aussi Lucile dont le beau corps l'avait vivement ému, et dont il ne me cachait pas qu'il projetait la perte, ainsi que des deux autres. J'aimais Lucile, mais j'aimais encore mieux l'argent ; il me donnait un prix fou de ces trois créatures, je consentis à tout.

 

Par alana - Publié dans : alana
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