Laissez-moi mes espoirs, ô peuples des abysses !
Êtes-vous mandatés pour ternir mes délices ?
Quand dans vos souterrains vous inventez le mal
À me faire endurer ; qu’il n’y a rien d’égal !
Par l’aigreur de vos vœux, l’abîme de vos puits
Vous enfantez la pire horreur : l’erreur qui luit !
Et lorsque dans ma vie mesurée de misère
Tentant d’être à la fois, bonne épouse, ange, mère
Poétesse, docteur, cuisinier, musicien,
Vous m’envoyez vos ogres, vos démons malins
Qui me jettent des mots, replis de confusion,
D’aberration perfide et d’insinuation ;
Qui n’ont comme à propos, de semblant pertinent
Que de me faire enfin d’emblée perdre mon temps ;
Me remettre en question, troubler ma quiétude
Tromper mes ambitions, briser mes certitudes ;
Envahir mon esprit, gâcher mes jours, mes nuits
Prétendre tout savoir ! Être si malappris…!
Respirer tout mon air. Dévorer ma maison
Puis s’enfuir avant l’heure en tournant les talons !
Allez-vous en maudite noirceur impénétrable
Ne venez plus chasser ou dîner à ma table
Ma porte sera close, éternelle, fermée !
Et vous n’entendrez plus mes poèmes sacrés.
Je suis outrée, blessée par vos sous-entendus !
...Votre présence creuse et pensers décousus
N’ont plus prise sur moi, je tire un trait un X !
Retournez donc au diable ! À la vase du Styx !

Christine CHARBONNEAU