Dimanche 22 juillet 7 22 /07 /Juil 13:51

 

Oubli
I

Mon coeur, ô ma Chimère, est une cathédrale
Où mes chastes pensers, idolâtres du Beau,
S'en viennent à minuit sous la flamme lustrale
Râler leur requiem au pied de ton tombeau.

J'ai dressé sous le ciel du dôme un sarcophage
Dont la grave épitaphe en strophes de granit
Proclamera de l'aube à l'ombre et d'âge en âge
L'amen et l'hosanna de notre amour bénit.

II

Mon coeur est une crypte où parmi les pilastres
S'enroulent les remous de l'encens des oublis,
Et par l'heure qui luit de la lueur des astres
La paix des nuits se mire en les pavés polis.

Sur le carrare froid des marches sépulcrales
Déjà mes vieux pensers sont pâmés de sommeil :
Les lampadaires d'or s'endorment en spirales,
Et, ô la glauque aurore en le vitrail vermeil !


Hantise
A EPHRAÏM MIKHAËL.

Par les vastes forêts, à l'heure vespérale,
Les ruisseaux endormeurs modulent leurs sanglots :
Mon âme s'alanguit d'une horreur sépulcrale
A l'heure vespérale où murmurent les flots.

Les ruisseaux endormeurs modulent leurs sanglots
Sous les feuilles que frôle un vent crépusculaire :
A l'heure vespérale où murmurent les flots
Un fantôme s'effare en l'ombre funéraire.

Sous les feuilles que frôle un vent crépusculaire
La lueur de la lune illumine le soir :
Un fantôme s'effare en l'ombre funéraire
Et l'âme de l'air râle en brumes d'encensoir.

La lueur de la lune illumine le soir,
Impalpable remous de la marée astrale,
Et l'âme de l'air râle en brumes d'encensoir
Par les vastes forêts, à l'heure vespérale.

 

Refrains mélancoliques
A STÉPHANE MALLARMÉ

I

O l'ineffable horreur des étés somnolents
Où les lilas au long des jardins s'alanguissent
Et les zéphyrs, soupirs de sistres indolents,
Sur les fleurs de rubis et d'émeraude glissent !

Car les vieilles amours s'éveillent sous les fleurs,
Et les vieux souvenirs, sous le vent qui circule,
Soulèvent leurs soupirs, échos vagues des pleurs
De la mer qui murmure en le lent crépuscule.

II

O l'indicible effroi des somnolents hivers
Où les neiges aux cieux s'en vont comme des rêves
Et les houles roulant dans les brouillards amers
Ululent en mourant, le soir, au long des grèves.

Car les vieilles amours s'engouffrent sous leurs flots
Et les vieux souvenirs râlant sous la rafale
Dans la nuit qui s'emplit de sonores sanglots
Se laissent étrangler par la Mort triomphale.

III

J'ai demandé la mort aux étés somnolents
Où les lilas au long des jardins s'alanguissent
Et les zéphyrs, soupirs de sistres indolents,
Sur les fleurs de rubis et d'émeraude glissent.

Mais oh ! les revoici, les mêmes avenirs !
Les étés ont relui sur la terre ravie,
Et les vieilles amours et les vieux souvenirs
De nouveau, pleins d'horreur, sont venus à la vie.

IV

J'ai demandé la vie aux somnolents hivers
Où les neiges aux cieux s'en vont comme des rêves
Et les houles roulant dans les brouillards amers
Ululent en mourant, le soir, au long des grèves !

Mais j'ai vu revenir les mêmes avenirs.
Les hivers ont neigé sur le sein de la terre,
Et les vieilles amours et les vieux souvenirs
De nouveau, fous d'effroi, sont morts dans le mystère.

V

Toujours vivre et mourir, revivre et remourir.
N'est-il pas de Néant très pur qui nous délivre !
Mourir et vivre, ô Temps, remourir et revivre :
Jusqu'aux soleils éteints nous faudra-t-il souffrir !

 

 

Par alana - Publié dans : alana
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