Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 09:04

Tout étant prêt, Duclos monta sur sa tribune et reprit ainsi le fil de sa narration :
(...) Sur cela ma soeur m'embrassa. " Allons, dit-elle, je vois à présent que tu es une bonne fille. Va, va, sois sûre que nous ferons fortune. Je suis jolie, et toi aussi : nous gagnerons ce que nous voudrons, ma mie. Mais il ne faut pas s'attacher, souviens-t'en. Aujourd'hui l'un, demain l'autre. Il faut être putain, mon enfant, putain dans l'âme et dans le coeur. Pour moi, continua-t-elle, je la suis tant, vois-tu à présent, qu'il n'y a ni confession, ni prêtre, ni conseil, ni représentation qui pût me retirer du vice. J'irais, sacredieu ! montrer mon cul sur les bornes avec autant de tranquillité que je boirai un verre de vin. Imite-moi, Françon, on gagne tout sur les hommes avec de la complaisance ; le métier est un peu dur dans les commencements, mais on s'y fait. Autant d'hommes, autant de goûts ; d'abord, il faut t'y attendre. L'un veut une chose, l'autre en veut une autre, mais qu'importe, on est là pour obéir, on se soumet : c'est bientôt passé et l'argent reste. " J'étais confondue, je l'avoue, d'entendre des propos aussi déréglés dans la bouche d'une fille si jeune et qui m'avait toujours paru si décente. Mais comme mon coeur en partageait l'esprit, je lui laissai connaître bientôt que j'étais non seulement disposée à l'imiter dans tout, mais même à faire encore pis qu'elle si cela était nécessaire. Enchantée de moi, elle m'embrassa de nouveau, et comme il commençait à se faire tard, nous envoyâmes chercher une poularde et du bon vin ; nous soupâmes et couchâmes ensemble, décidées à aller dès le lendemain matin nous présenter chez la Guérin et la prier de nous recevoir au nombre de ses pensionnaires. Ce fut pendant ce souper que ma soeur m'apprit tout ce que j'ignorais encore du libertinage. Elle se fit voir à moi toute nue, et je puis assurer que c'était une des plus belles créatures qu'il y eût alors à Paris. La plus belle peau, l'embonpoint le plus agréable, et malgré cela la taille la plus leste et la plus intéressante, les plus jolis yeux bleus, et tout le reste à l'avenant. Aussi appris-je depuis combien la Guérin en faisait cas et avec quel plaisir elle la procurait à ses pratiques qui, jamais las d'elle, la redemandait sans cesse.

" Le nouvel état dans lequel je vais entrer m'oblige, dit la Duclos, de vous ramener un instant, messieurs, au détail de mon personnel. On se figure mieux les plaisirs que l'on peint quand l'objet qui les procure est connu. Je venais d'atteindre ma vingt et unième année. (...) Quoiqu'il y eût très longtemps que je fusse dans le libertinage, il était impossible d'être plus fraîche, tant à cause du bon tempérament que m'avait donné la nature que par mon extrême sagesse sur les plaisirs qui pouvaient gâter ma fraîcheur ou nuire à mon tempérament. J'aimais très peu les hommes, et je n'avais jamais eu qu'un seul attachement. Il n'y avait guère dans moi que la tête libertine, mais elle l'était extraordinaire, et après vous avoir peint mes attraits, il est bien juste que je vous entretienne un peu de mes vices. J'ai aimé les femmes, messieurs, je ne m'en cache point. Pas cependant au degré de ma chère compagne, Mme Champville, qui vous dira sans doute qu'elle s'est ruinée pour elles, mais je les ai toujours préférées aux hommes dans mes plaisirs, et ceux qu'elles me procuraient ont toujours eu sur mes sens un empire plus puissant que les voluptés masculines. J'ai eu, outre cela, le défaut d'aimer à voler : il est inouï à quel point j'ai poussé cette manie. Entièrement convaincue que tous les biens doivent être égaux sur la terre et que ce n'est que la force et la violence qui s'opposent à cette égalité, première loi de la nature, j'ai tâché de corriger le sort et de rétablir l'équilibre du mieux qu'il m'a été possible. Et sans cette maudite manie peut-être serais-je encore avec le mortel bienfaisant dont je vais vous entretenir.

Mes adieux furent bientôt faits ; mon coeur ne regrettait rien, car il ignorait l'art de s'attacher, mais mes plaisirs regrettaient Eugénie, avec laquelle j'avais depuis six mois des liaisons très intimes, et je partis.

 

Par alana
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Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 09:02

MADAME CHAMPVILLE était une grande femme d'environ cinquante ans, mince, bien faite, l'air le plus voluptueux dans le regard et dans la tournure ; fidèle imitatrice de Sapho, elle en avait l'expression jusque dans les plus petits mouvements, dans les gestes les plus simples et dans ses moindres paroles. Elle s'était ruinée à entretenir des femmes, et sans ce goût, auquel elle sacrifiait généralement ce qu'elle pouvait gagner dans le monde, elle eût été très à son aise. Elle avait été très longtemps fille publique et, depuis quelques années, elle faisait à son tour le métier d'appareilleuse, mais elle était resserrée dans un certain nombre de pratiques, tous paillards sûrs et d'un certain âge, jamais elle ne recevait de jeunes gens, et cette conduite prudente et lucrative raccommodait un peu ses affaires. Elle avait été blonde, mais une teinte plus sage commençait à colorer sa chevelure. Ses yeux étaient toujours fort beaux, bleu d'une expression très agréable. Sa bouche était belle, fraîche encore et parfaitement entière ; pas de gorge, le ventre bien, elle n'avait jamais fait d'envie, la motte un peu élevée et le clitoris saillant de plus de trois pouces quand il était échauffé : en la chatouillant sur cette partie, on était bientôt sûr de la voir se pâmer, et surtout si le service lui était rendu par une femme. Son cul était très flasque et très usé, entièrement mou et flétri, et tellement endurci par des habitudes libidineuses que son histoire nous expliquera, qu'on pouvait y faire tout ce qu'on voulait sans qu'elle le sentît. Une chose assez singulière, et assurément fort rare à Paris surtout, c'est qu'elle était pucelle de ce côté comme une fille qui sort du couvent, et peut-être, sans la maudite partie où elle s'engagea, et où elle s'engagea avec des gens qui ne voulaient que des choses extraordinaires et à qui par conséquent celle-là plut, peut-être, dis-je, sans cette partie-là, ce pucelage singulier fût-il mort avec elle.(...)

LA Champville a cinquante ans. Elle est mince, bien faite et les yeux lubriques ; elle est tribade, et tout l'annonce dans elle. Son métier actuel est le maquerellage. Elle a été blonde, elle a de jolis yeux, le clitoris long et chatouilleux, un cul fort usé à force de service, et néanmoins elle est pucelle par là.

 

Par alana
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Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 08:58

Ces douces actions que vous nommez des crimes,
Ces excès que les sots croyent illégitimes,
Ne sont que les écarts qui plaisent à ses yeux,
Les vices, les penchants qui la délectent mieux ;
Ce qu'elle grave en nous n'est jamais que sublime ;
En conseillant l'horreur, elle offre la victime :
Frappons la sans frémir, et ne craignons jamais
D'avoir, en lui cédant, commis quelques forfaits.
Examinons la foudre en ses mains sanguinaires :
Elle éclate au hasard, et les fils, et les pères,
Les temples, les bordels, les dévots, les bandits,
Tout plaît à la nature : il lui faut des délits.
Nous la servons de même en conmmettant le crime :
Plus notre main l'étend et plus elle l'estime (6).
Usons des droits puissants qu'elle exerce sur nous
En nous livrant sans cesse aux plus monstrueux goûts (7) :
Aucun n'est défendu par ses lois homicides,
Et l'inceste, et le viol, le vol, les parricides,
Les plaisirs de Sodome et les jeux de Sapho,
Tout ce qui nuit à l'homme ou le plonge au tombeau,
N'est, soyons-en certains, qu'un moyen de lui plaire.

 

Par alana
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Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 08:46

A la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d’odeur,
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

Elle cherchait, d’un œil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu’un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.

De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L’air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.

Etendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille sa proie,
Après l’avoir marquée avec les dents.

Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s’allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement .

Elle cherchait dans l’œil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu’un long soupir.

- « Hippolyte, cher cœur, que dis-tu de ces choses ?
Comprends-tu maintenant qu’il ne faut pas offrir
L’holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?

Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants ;

Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de bœufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma sœur ! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon cœur, mon tout et ma moitié ,

Tourne vers moi tes yeux pleins d’azur et d’étoiles !
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t’endormirai dans un rêve sans fin ! »

Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
-« Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.

Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu’un horizon sanglant ferme de toutes parts.

Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
Je frissonne de peur quand tu me dis : « Mon Ange ! »
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée !
Toi que j’aime à jamais, ma sœur d’élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition ! »

Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L’œil fatal, répondit d’une voix despotique :
-« Qui donc devant l’amour ose parler d’enfer ?

Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S’éprenant d’un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l’amour mêler l’honnêteté !

Celui qui veut unir dans un accord mystique
L’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
A ce rouge soleil que l’on nomme l’amour !

Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
Cours offrir un cœur vierge à ses cruels baisers ;
Et pleine de remords et d’horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...

« On ne peut ici-bas contenter qu’un seul maître ! »
Mais l’enfant, épanchant une seule douleur,
Cria soudain : - « Je sens s’élargir dans mon être
Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur !

« Brûlant comme un volcan, profond comme le vide !
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l’Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu’au sang.

« Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Je veux m’anéantir dans ta gorge profonde
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux ! »

- Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l’enfer éternel !
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes,
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,

Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d’orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

Jamais un rayon frais n’éclaira vos cavernes ;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s’enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.

L’âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau.

Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
A travers les déserts courez comme les loups ;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l’infini que vous portez en vous !

Baudelaire

Par alana
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Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 08:41

 

Bizarre déité, brune comme les nuits,
Au parfum mélangé de musc et de havane,
Œuvre de quelque obi , le Faust de la savane,
Sorcière au flanc d’ébène, enfant des noirs minuits ,

Je préfère au constance , à l’opium , au nuits ,
L’élixir de ta bouche où l’amour se pavane ;
Quand vers toi mes désirs partent en caravane ,
Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.

Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
O démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ;
Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois,

Hélas ! et je ne puis, Mégère libertine,
Pour briser ton corsage et te mettre aux abois,
Dans l’enfer de ton lit devenir Proserpine !

 

Par alana
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Jeudi 12 octobre 4 12 /10 /Oct 07:36

Toi

 

Du frais matin la brillante lumière,
L'ardent midi, l'adieu touchant du jour,
La nuit qui vient plus douce à ma paupière
Pâle et sans bruit rêver avec l'amour,
Le temps jaloux qui trompe et qui dévore,
L'oiseau captif qui languit près de moi,
Tout ce qui passe, et qu'à peine je voi,
Me trouve seul... seul ! Mais vivant encore
De toi !

Des arts aimés quand l'essaim m'environne,
L'ennui secret les corrompt et m'atteint.
En vain pour moi la fête se couronne :
La fête pleure et le rire s'éteint.
L'unique asile où tu me sois restée,
Le sanctuaire où partout je te voi,
Ah ! C'est mon âme en secret visitée
Par toi !

La gloire un jour a distrait mon jeune âge ;
En te cherchant j'ai perdu son chemin.
Comme à l'aimant je vais à ton image ;
L'ombre est si belle où m'attire ta main !
Ainsi qu'aux flots les barques se balancent,
Mes ans légers ont glissé loin de moi ;
Mais à présent dans tout ce que je voi,
Mes yeux, mon coeur, mes voeux, mes pas s'élancent
Vers toi !

Je dis ton nom dans ma gaîté rendue,
Je dis ton nom quand je rapprends les pleurs ;
Dans le désert la colombe perdue
Ne sait qu'un chant pour bercer ses douleurs.
Égide chère à ma vie embrasée,
Le monde en vain jette ses maux sur moi ;
Mon âme un jour sera calme ou brisée
Par toi !
Desbordes-Valmore

Par alana
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Mercredi 11 octobre 3 11 /10 /Oct 21:18
Par alana
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Mercredi 11 octobre 3 11 /10 /Oct 21:06

Par alana
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Mercredi 11 octobre 3 11 /10 /Oct 16:32

 

Parle-moi, de ta voix pareille à l'eau courante,
Lorsque s'est ralenti le souffle des aveux.
Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux,
Mais berce-moi de la mélopée enivrante.

De ce timbre voilé qui m'attriste et m'enchante,
Lorsque mon front s'égare en tes vagues cheveux,
Exprime tes espoirs, tes regrets et tes voeux,
O mon harmonieuse et musicale amante!

Et moi, j'écouterai ta voix et son doux chant.
Je ne comprendrai plus, j'écouterai, cherchant,
Sinon l'entier oubli, du moins la somnolence.

Car si tu t'arrêtais, ne fût-ce qu'un moment,
J'entendrais... j'entendrais au profond du silence
Quelque chose d'affreux qui pleure horriblement.

Par alana
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Mercredi 11 octobre 3 11 /10 /Oct 16:30

 

Contemple les couleurs des ténèbres... Tes yeux
Sauront, mieux que les miens, interpréter les cieux.

J'ai vu le violet des nuits graves et douces,
Le vert des nuits de paix, la flamme des nuits rousses.

J'ai vu s'épanouir, rose comme une fleur,
La lune qui sourit aux rêves sans douleur.

J'ai vu s'hypnotiser, à des milliers de lieues,
La méditation subtile des nuits bleues.

En écoutant pleurer les hiboux à l'essor
Mystérieux, j'ai vu ruisseler les nuits d'or.

Par alana
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